Dans un billet précédent, nous avions évoqué les pistes d’Olivier Hamant dans Antidote au culte de la performance. Le constat était sans appel : vouloir tout optimiser fragilise nos systèmes et à l’image du vivant, ce qui fait la force, ce n’est pas la performance maximale, mais la diversité, la redondance et l’épaisseur du chemin.
Olivier Hamant revient, accompagné de Sandra Enlart et Olivier Charbonnier, avec un nouvel ouvrage : L’Entreprise robuste. Ensemble, ils ciblent nos organisations sociales et proposent l’alternative managériale radicale de substituer au dogme de la performance celui de la robustesse.
La performance est une course où il faut aller toujours plus vite, toujours plus loin. Mais comme tout sprinter, l’organisation performante s’essouffle vite et se brise au premier contretemps. La robustesse, elle, accepte de perdre en efficacité immédiate pour gagner en solidité. Elle se construit sur des marges, des doublons, des temps morts, qui paraissent inutiles mais deviennent vitaux en cas de turbulence.
Le livre nous invite à regarder la nature autrement. Dans les écosystèmes, la survie ne repose pas sur un individu « performant », mais sur : – La diversité : des gènes, des espèces, des comportements ; – La coopération : les interactions multiples, les interdépendances assumes ; – La stabilité dynamique : l’équilibre mais toujours mouvant, jamais figé.
Transposé à l’entreprise – à ce que nous entreprenons là où nous sommes, là où nous en sommes – cela encourage à diversifier les approches, à valoriser les initiatives locales, et à accepter les contradictions comme matière vivante de l’organisation.
La distinction est importante : la résilience consiste à revenir en arrière, au point initial après un choc. La robustesse, elle, anticipe et conçoit des structures capables d’encaisser les coups sans se rompre. Elle n’attend pas la crise pour agir.
À l’aide d’exemples inspirants, les auteurs montrent que dans un monde instable, la robustesse n’est pas une utopie théorique ou un supplément d’âme, mais une stratégie de survie. Elle appelle à un management moins obsédé par le KPI et plus attentif aux relations, aux territoires, à l’épaisseur du collectif.
Et vous ? Dans vos organisations aujourd’hui, qu’est-ce qui relève encore du culte de la performance… et qu’est-ce qui commence déjà à ressembler à de la robustesse ? Un peu de coopération par ci ? d’ancrage territorial par là ?… Bonne continuation !